En collaboration avec tous les acteurs concernés, la mairie d’Oloron Sainte-Marie affirme sa volonté forte de garantir une gestion sylvicole en adéquation avec les problématiques écologiques. Consciente qu’un plan d’aménagement réussi est le fruit d’un travail concerté entre les différents acteurs de la forêt, la municipalité a réuni ces interlocuteurs pour un deuxième comité de pilotage dans le cadre de la préparation du nouveau plan d’aménagement (ou plan de gestion) de la forêt d’Oloron Sainte-Marie pour la période 2022-2041. Le précédent plan arrive en effet à son terme. Ce Copil était l’occasion d’échanger sur la base d’un document que la mairie a enrichi de nouvelles propositions de gestion et de préservation.
L’objectif de ce document, sur lequel les services travaillent depuis décembre 2020, est de définir les grandes orientations de gestion du boisement forestier oloronais pour les 20 ans à venir. Les enjeux essentiels sont de préserver la biodiversité, de pérenniser le tissu social et de dynamiser la sylviculture. Le document décrira les modes de gestion, les régénérations à prévoir, les zones à protéger et les exploitations à réaliser.
Ce plan de gestion devrait être adopté par délibération en fin d’année 2022.
Le changement principal de ce plan de gestion
L’ancienne gestion sylvicole fonctionnait sur le modèle de la futaie régulière. A savoir, quand une parcelle était réputée à maturité, on la coupait entièrement et on la reboisait pour la régénération de la forêt.
Désormais, face aux enjeux écologiques et patrimoniaux, de nouvelles mesures de protection de la forêt modifient radicalement le mode de gestion sur les boisements à forts enjeux écologiques (ils concernent essentiellement le Bager) : le modèle de la futaie irrégulière sera donc adopté sur ces parcelles. Le système est différent : cette fois, on sélectionne et on prélève uniquement les arbres à maturité suffisante et dont on a vérifié qu’ils ne constituaient pas une niche écologique.
Pourquoi ce choix au Bager ?
La raison de ce choix de gestion particulière revient à une petite mousse discrète : le dicrane vert (dicranum viride). Le dicrane se développe surtout à la base de troncs d’essences à l’écorce lisse, comme le hêtre. Cette mousse protégée est inscrite sur la liste rouge européenne des espèces préoccupantes.
C’est la cellule scientifique de l’ONF qui l’a découverte il y a quelques semaines. A ce jour, elle n’avait jamais été inventoriée à une latitude aussi basse, ce qui fait de cette découverte un événement.
Même si le dicrane a sans doute toujours été présent en forêt du Bager et a donc résisté à un mode de gestion non sélectif, cette découverte nous pousse à adapter le mode de gestion futur.
Des îlots de sénescence
Un îlot de sénescence est un endroit où la forêt naît, vit, se reproduit et meurt sans aucune intervention humaine. La forêt d’Oloron Sainte-Marie va quasiment doubler sa surface d’îlots de sénescence en passant de 60 ha à 110 ha. Et ce, tout en y maintenant les activités et donc les enjeux sociaux.
Autres mesures protectrices
Le futur plan de gestion doit protéger les ripisylves qui concernent 3 cours d’eau, le gave d’Aspe, le gave d’Ossau et le Lourtau. Sur une bande de 20 m de large, les récoltes de bois ne pourront pas excéder 30% de la surface totale de la ripisylve.
Il en sera de même dans les zones classées Natura 2000 ainsi que dans les zones humides accueillant des espèces à fort enjeu patrimonial comme l’écrevisse à pattes blanches, l’euprocte ou calotriton des Pyrénées, le desman.
Une bonne surprise
Le CEN (Conservatoire d’Espaces Naturels) est le support scientifique qui a travaillé sur notre massif forestier.
Il travaille avec le WWF (Fonds mondial pour la nature) avec qui des échanges, très bien engagés, sont en cours pour sélectionner notre commune en raison des orientations et des efforts fournis pour une protection forte de la forêt. Oloron Sainte-Marie bénéficierait de la mise en place d’un paiement pour service écosystémique ; il s’agirait d’une compensation financière pour les exploitations qui n’auront pas lieu en raison des mesures supplémentaires de protection. Oloron Sainte-Marie serait la première commune de France à bénéficier de cette aide. Et ce soutien serait valable pour les 20 ans à venir, soit toute la durée du plan de gestion.
Le WWF envisage une visite à Oloron Sainte-Marie en juillet.